Poèmes et autres textes Poèmes et autres textes:

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All texts and poems © Yoel Taieb, but feel free to reprint them anywhere as long as you credit me and give my website address http://www.yoeltaieb.net
Tous les textes et poemes © Yoel Taieb, mais vous pouvez librement les réimprimer à condition de mentionner que j'en suis l'auteur et l'adresse de mon site http://www.yoeltaieb.net

Poèmes:
1. Souvenirs d'enfance
2. Paroles de sainteté
3. L'alpiniste
4. Le chemin
5. Ecoute Yoel et enseigne-le à tout ISRAEL
6. Jerusalem
7. Fraternité
8. Sortie d'Egypte
9. Nigun de Dieu, Nigun de l'Homme

Textes:
Textes des pochettes des cds de Techelet en français:
* Premier cd, Vehikiti l'Hashem vekiviti lo
* Deuxieme cd, Olam Haba
-Notes concernant les titres de l’Album "Olam Haba":
- Mizmor lé David
- Shir Chadash
- Olam Haba
* Troisieme cd, Did you look at the sky today?

Mes rencontres avec John Mc Laughlin:
1. Ma premiere rencontre
2. Ma deuxieme rencontre


Souvenirs d'enfance (Yoel Taieb)

Mon souvenir d'enfance le plus lointain,
l'extase ressentie devant une étendue d'eau de couleur azur,
qui miroitait de mille reflets.
D'après mes parents j'avais alors un an.
C'était une piscine près de Chambéry, en route vers Paris ils s'y étaient arrêtés.
Ils avaient terriblement craint que je finisse par tomber dans l'eau et me noie.

Mon deuxième souvenir: Le visage contre la vitre de la fenêtre de ma chambre à Paris, je regarde au dehors.
Une idée incroyable me traverse la tête: - Pour quelle raison suis-je donc revenu sur Terre?
J'avais trois ans.

Lorsque je suis allé visiter les synagogues de Safed, quelle ne fut pas ma surprise en pénétrant dans la synagogue du Ari,
les murs et les plafonds étaient de couleur azur, de la même couleur que les murs de ma chambre d'enfant.
Je pouvais y passer de longs moments à contempler la danse des petites particules de poussière que le faisceau de lumière solaire qui y penetrait, révélait.
Il y avait aussi parfois de grosses poussières de couleur mauves qui se logeaient dans les coins,
j'imaginais que c'étaient les âmes des morts.

Dans la Torah, Moshé notre Maître demande à Dieu de lui laisser contempler sa Gloire.
Dieu lui répond, on ne peut pas me voir et vivre.

Lorsque j'étais en classe de dixième les élèves de septième me paraissaient des géants.
Aujourd'hui certaines personnes de plus de trente ans peuvent me paraître toutes jeunes encore.

Le professeur Baruk s'est éteint à l'age de 102 ans, après une vie consacrée à la psychiatrie et à relever son prochain.
Ma mère l'a rencontré alors qu'il était déjà très âgé.
Dans la conversation il a évoqué un couple, dont les membres avaient chacun, plus de soixante dix ans.
Il parlait d'eux comme de personnes encore bien jeunes.
Ma mère avait beaucoup ri en me racontant cela.

Ne disons plus vieillir, mais: Voir l'enfant en chacun.

Non plus, j'ai vieilli, mais: "Je suis de plus en plus a meme de discerner l'enfant en chacun".

Ne disons plus un tel est mort, un tel est décédé,
mais un tel a contemplé Dieu, face à face.

Yoel Taieb

Jérusalem, le 10/05/04



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Paroles de sainteté: (Yoel Taieb)

Laavod ette Hashem... Servir Dieu... C'est ainsi qu'on traduit généralement, mais ce n’est pas exact.

En hébreu on dit Avodat Hashem... Service du Nom...Travailler le Nom... Travailler le Nom...Faire grandir le Nom...Le faire grandir en nous ...

Quel est ce nom?

Le nom de Dieu...

Quel est le nom de Dieu? Na Nah Nahma Nahman Meouman.

Na Nah Nahma Nahman, 10 lettres, contre les dix sortes de mélodies.

Agrandir le Nom... Faire grandir la part divine en nous... Faire grandir Dieu en nous. Faire grandir le nom Na Nah Nahma Nahman Meouman en nous, c’est faire grandir l’infini en nous, c’est faire grandir Dieu, c’est faire grandir la joie en nous.

Comment les faire grandir? Par la prière, par la musique sainte, qui est la plus haute sorte de prière.

Na Nah Nahma Nahman Meouman, par ma prière, par ma musique sainte, par ma prière sainte, et en priant en musique. Par mes danses saintes, et en alliant les trois, car c’est cela la véritable prière, danse, claquements des mains, chants, paroles, je fait grandir le nom, je fait grandir les dix forces de mélodies en moi, je fais grandir Na Nah Nahma Nahman Meouman, je deviens peu à peu Na Nah Nahma Nahman Meouman moi-même, je deviens une petite partie de Dieu, un îlot de Dieu, un ambassadeur de Dieu ici, je deviens moi-même Dieu*.

Na Nah Nahma Nahman Meouman, La Avodat hashem, faire grandir le Nom, par la prière, par les chants de louanges je me rattache à ma racine, Na Nah Nahma Nahman Meouman... Dieu**.

Shéma Israel Na Nah Nahma Nahman Meouman Eloheinou, Na Nah Nahma Nahman Meouman Ehad, Barouh Shem Kevod Malchouto leolam vaed.

Ecoute Israel Na Nah Nahma Nahman Meouman c’est ça le but sur terre, Na Nah Nahma Nahman Meouman Ehad, le Dieu qui est en moi, c’est le même Dieu qui est au ciel, sur terre, Je peux arriver à être Dieu*. Dieu peut s’exprimer à travers moi, mon corps, mon intellect, tout cela peut devenir un instrument pour Dieu pour s’exprimer sur cette terre. Alors, Béni soit le Nom, Barouch Shem Kevod, béni soit le Nom de son règne pour l’éternité.

* Cela signifie que le nom saint Na Na Nahma Nahman Meouman a le pouvoir de me mener à un niveau tel de purification, que je deviens pareil à un instrument de musique parfaitement bien accordé entre les mains du Créateur lui permettant de s'exprimer à travers moi, de continuer par mon intermédiaire son oeuvre de création.

** Il est écrit dans les Tikouné Zohar, que dans le futur s'élèvera un chant simple, double, triple et quadruple qui entrainera la réparation du monde. Ce chant est le nom de Dieu youd hé vav hé agencé en chant simple, double, triple et quadruple. Le fait que ce chant soit revélé de nos jours comme étant Na Nah Nahma Nahman Meouman dévoile que le tsadik dont le nom est associé au nom de Dieu dans l'oeuvre de réparation totale du monde est Rabbi Nahman de Braslav (se reporter à la leçon 67 de la deuxieme partie du Likoutey Moharan et au saint petek que Rav Israel Ber Odesser a reçu)



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L'alpiniste (Yoel Taieb)

Un alpiniste doit pour atteindre le plus haut sommet,
être capable de résister à tout ce qui vient avant;
faim, froid, manque de sommeil, fatigue, peur, danger
et tout cela en conservant en plus son enthousiasme, son désir total et entier d’atteindre le sommet,
un désir que rien ne peut entraver.

Puissé-je conserver ce désir intact en moi, malgré tout ce qui peut subvenir sur le chemin et atteindre victorieusement le sommet. Amen


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Le Chemin (Yoel Taieb)

C’est loin d'être drôle mais c’est ainsi que le créateur en a décidé.
La royauté ne se mérite qu’à ce prix là,
être capable de tomber au plus bas, et avoir néanmoins la force de ne pas se laisser choir.
Etre capable, aussi dure que soit notre chute, de ne pas perdre sa joie et son enthousiasme.
Etre capable de repartir à zéro autant de fois qu’il le faudra,
ne pas se décourager, ne jamais se lasser.

Dieu a ainsi créé le monde,
l’unique chemin qui permet d’atteindre les plus hauts niveaux, est le chemin de la plus grande petitesse et humilité.



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Ecoute Yoel et enseigne-le à tout ISRAEL (Yoel Taieb)

Le Créateur t'a crée afin de jouer à travers toi sa musique,
de révéler à travers toi des milliards de chants nouveaux.
C'est avec le plus grand amour, le plus grand soin, la plus grande passion
et un immense espoir qu'II t'a crée et qu'II crée chacun.
Il t'a donné des dons spéciaux en rapport avec ta mission sur Terre.
Et tu devras prier et demander sans cesse que te soit révélée ta mission sur terre et te donner les moyens de I'accomplir dans la plus grande perfection.
Et si je dois viser le plus haut, je me réjouirai aussi de la moindre réussite, car elle procure au Créateur un plaisir infini et de toute façon nous escaladons l'lnfini.
Ainsi donc, un peu c'est bien aussi et le principal c'est la joie;
être attaché à Dieu avec Amour, Confiance en étant sur qu'Il me dirige
et que tout est agencé pour m'aider et pour mon Bien.


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Jerusalem (Yoel Taieb)

J'ai pour la première fois pénètré en tes enceintes une semaine avant ma bar mistva et dans les ruelles du souk qui conduisent au Kotel, je suis immédiatement et pour toujours tombé amoureux de toi.
Pendant mon adolescence je passais chaque été, une semaine à arpenter tes rues, hébergé que j'étais chez un ami qui habitait le quartier de Katamon Hayeshana. Je me délectais de tes paysages, des parfums de chacune de tes fleurs.
Une fois marié je n'avais qu'un espoir mériter de venir habiter en tes murs.
J'ai beaucoup prié oui. Partout je te cherchais.
Si je voyais un olivier dans le Midi de la France, je me rappelais Jérusalem et soupirais de désir.
Trois fois par jour ou plus, en rentrant chez moi, je cueillais quelques feuilles de pins et les humais, je murmurais alors ton nom.
Quand reverrais-je donc Jérusalem?
Puis arriva un temps ou mon désir pour Toi fut si grand, que j'empoignais Dieu, comme un homme se saisit d'un autre et je lui dis, je ne te lâcherai pas que Tu m'ais exaucé
Et finalement mes prières ont accomplie leur oeuvre,
mon Maitre Rav Israel Ber Odesser m'a transmis un jour la bonne nouvelle:
Tu dois a présent briser tous les obstacles et monter en Terre d'Israël m'a-t-il dit.
Et voici plus de dix ans aujourd'hui, que j'habite la ville sainte, et Tu m'as même donné mon Dieu, la joie d'habiter ce meme quartier ou j'étais hébergé vingt ans plus tôt.
Je ne demande qu'une seule chose à Dieu, continuer de passer ma vie dans tes enceintes.
Et si j'admire toujours ta merveilleuse beauté, ma joie provient principalement aujourd'hui, de cette pensée que j'ai en ouvrant les yeux le matin:
Dans cette ville vivent des milliers de tsadikim (des justes), des personnes qui on brisé tous les obstacles pour se rapprocher de Dieu,
des hommes et des femmes qui cherchent la vérité et aspirent a construire une société de justice d'amour et de Paix.
Ils se lèvent dans la Nuit pour rechercher Ton esprit.
Ils lisent des Psaumes dans l'autobus.
Ils rêvent au Messie.
Il y en a meme certains qui se demandent parfois s'ils ne lui ressemblent pas etrangement,
Et d'autres encore, qui vont jusqu'a se prendre carrement pour lui?
Mais ont-ils vraiment tort? Ne le sont-ils pas dans une certaine mesure?


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Fraternité (Yoel Taieb)

L'orage gronde au dehors et embaume l'air de sa rouge odeur d'argile.
Et je pense aux rues de Paris après la pluie, éclaboussées par la lumière des réverbères.
Là un inconnu va,
Etre éveillé du néant par une danse d'amour
Qui de nous deux mourra le premier?
Je ne sais.
Mais je sais que nos cœurs battent en cet instant et que nous respirons tout deux,
Double complicité
Rois de la vie sommes nous, frère,
Défricheurs du temps vierge


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Sortie d'Egypte (Yoel Taieb)

J'étais déprimé,
sans doute à cause de la situation en Israël,
à chaque endroit se faire fouiller et sans cesse des attentats.
Je m'en plaignis à Dieu
Pourquoi as-tu crée ce monde et le laisses-tu aller à la dérive?
Pourquoi n'interviens-tu pas?
Alors Tu m'as éclairé
Est-ce qu'en fin de compte on voudrait que Tu interviennes?
Non!
Aussi dur que ce soit, nous voulons par nous-même transformer la situation
Tel un alpiniste, fut-il harassé, fourbu, transis de froid, blessé même et au bord du découragement,
Si un hélicoptère survenait soudain pour le hisser à son bord,
afin de le porter au sommet
Serait-il fier de lui même, d'avoir de cette façon atteint le sommet
Pourrait-il en tirer le moindre sentiment de joie ou de victoire?
Assurément non!

Puis j'ai pense au sens de la fête de Pessah, attelé que j'étais encore en cette heure tardive de la nuit, au nettoyage de la maison auquel notre Torah nous demande de vaquer préalablement a la Fête.
Au moment de la Sortie d'Egypte Dieu intervint de façon dévoilée.
Je me suis demandé alors en quoi cette fête est-elle surnommée
Fête de notre Liberté?
N'est-ce pas au contraire le sentiment de dépendance totale qui nous étreint là, lorsqu'on lit le récit de la sortie d'Egypte? Dieu agis pour moi
Il fait tout à ma place

Dieu se battra pour vous, quant à vous restez cois...
dit la Bible

La Sortie d'Egypte représente en fait le niveau spirituel le plus bas
Dieu fait en effet tout à notre place
Nous nous tournons les pouces et Lui pendant ce temps multiplie les miracles.
Nous sommes au niveau de nouveau né
En quoi cela est-il lié à la Liberté?
C'est clairement une leçon d'humilité.
Regarde ce que tu étais à l'époque.
Un peu comme lorsque des parents arborent une photo de leur progéniture
dans les Premiers mois de son existence,
le derrière nu…

Si on célèbre chaque année, l'anniversaire d'une telle époque,
c'est sans doute pour me faire comprendre qu'aussi difficile puisse être la situation,
ce niveau de difficulté m'indique en fait mon propre niveau de force et de maturité spirituelle,
mon age en quelque sorte. Si Dieu ne me fait beneficier d'aucun miracle, d'aucun aplanissement des accidents du terrain,
c'est bien la en fin de compte la proclamation de ma grandeur.
Si Dieu semble complétement dissimulé, c'est qu'il a confiance en ma capacité,
je suis donc quelqu'un de bien entraîné.
Un soldat d'élite est-ce qu'on s'immisce dans ses choix au moment du combat?
Sûrement pas!
Il a subi un entraînement intensif,
la meilleure chose est de le laisser agir en totale liberté.

A Pourim le nom de Dieu n'est pas mentionné en aucun endroit de toute la Meguila,
dont nous avons pourtant l'obligation (chose unique) d'entendre la lecture sans en perdre un seul mot!
Est-ce pour cela qu'il est enseigné que dans le futur toutes les fêtes de l'année juive seront annulées sauf Pourim?

Pessah quant a lui est donc ce niveau de nouveau-né, de dépendance totale
C'est la fête de tous les débuts de tous les renouveaux et renouvellements
Je dois grandir, devenir adulte et indépendant
mais je n'oublie pas qu'il y a ce lieu de la dépendance totale a Dieu d'où je suis issu,
ou je peux toujours venir me ressourcer en période de chute spirituelle, de doute, de lassitude,
bornes obligatoires sur le chemin de l'ascension spirituelle.

Rabbi Nahman de Braslav ne nous enseigne-Il pas qu'il ne saurait y avoir de montée spirituelle sans chute préalable?

Il nous enseigne aussi que notre Pessah dépend de notre Pourim.
Pourim le sommet de l'indépendance,
Pessah la dépendance totale, dépendent l'un de l'autre.

Pessah est nommée fête de la Liberté dans le sens ou elle est prédiction de la Liberté de Pourim.
Mais Pourim nous ramène de nouveau à Pessah
comme s'ils étaient les deux extrêmes entre lesquels tous les autres moments de l'année juive sont inclus
vers lesquels tout tend,
Pourim l'apogée du cycle et Pessah son début:
Aussi haut soit le niveau spirituel que j'ai pu atteindre,
je dois être capable de revenir ensuite au niveau zero,
condition sine qua non a une nouvelle ascension.

La Matsa
ce pain non levé que nous consommons à Pessah symbolise ce niveau zero:
Ne pas se leurrer.


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Nigun de Dieu, Nigun de l'Homme (Yoel Taieb)

Chaque être vivant chante son nigun. Chaque bête, chaque plante et arbre, chaque fleur, chaque montagne.
Dieu aussi chante Son propre nigun et il contient le nigun de chaque être (son nigun puisqu'il harmonise tous les nigunim est sans doute, paix, harmonie et amour pour les hommes et entre les hommes).
De tout le règne végétal, minéral et animal seul l'homme peut choisir de chanter son nigun ou de ne pas le chanter. De se brancher sur son véritable nigun, à savoir se brancher sur la voix qui lui est propre dans le nigun de Dieu et de la chanter dans ce monde ou de ne pas trouver cette voix et de ne pas la chanter et de s'opposer en fait à la beauté de ce nigun en chantant faux.

Une vie réussie est une vie qui a permis à la voix d'un être, telle qu'elle existe dans le nigun de Dieu, de s'incarner dans ce monde. Or comme il est rare qu'un homme réussisse à chanter sa partie dans le nigun de Dieu, si une personne réussit à le faire, c'est à coup sûr qu'elle a rencontré beaucoup d'opposition, car l'humanité chante aussi un nigun ou plutôt une cacophonie de nigun (une version du nigun de Dieu déformé par le manque de perception, due au manque de purification des mauvais traits de caractère) et le son est tellement fort que l'on entend rien d'autre et l'on est forcé de participer à cette horreur: Réussir à gagner beaucoup d'argent, n'avoir aucun scrupule, manger les autres hommes, se servir d'eux, les détruire physiquement ou moralement ou les deux ect…

Et si un homme réussit à entendre au travers de cette cacophonie assourdissante le nigun de Dieu et à y percevoir clairement sa propre voix et à la chanter c'est un véritable exploit. Or la seule possibilité d'avoir une chance d'y parvenir, c'est en s'attachant aux hommes qui on déjà réussi à percevoir le nigun d'Hashem et qui nous aiderons à l'entendre à notre tour et à y percevoir notre propre partie et à la chanter de la façon la plus fidèle et la plus parfaite

Amen ve Amen



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Ensemble Techelet

Mystique juive et improvisation

Si vous demandez aux musiciens de l’Ensemble Techelet quel genre de musique ils jouent, ils vous répondront « MaYM », un terme forgé à partir des mots hébreux « Musica Yéhoudit Modernit » (Musique Juive Moderne) mais qui signifie au sens simple « de l’eau ». C’est en fait le verset du prophète Isaïe : « Et vous puiserez joyeusement de l’eau aux sources du Salut » qui a inspiré ce choix. L’eau (Maym en hébreu) est en effet dans le judaïsme, le symbole de la pureté et du renouvellement; et les « sources du Salut » sont une allusion aux grands mystiques juifs, auteurs des mélodies saintes, dont une partie du répertoire de Techelet est constitué.

L’Ensemble Techelet fut initialement composé de quatre musiciens impliqués avant leur téchouva (retour à la spiritualité juive), dans des styles musicaux divers. Yoël Taïeb (guitares) jouait du jazz ethnique avec le contrebassiste Renaud Garcia-Fons, Reuven Ben Hanan (violon) du « Bebop » dans les clubs de Moscou. David Louis (trompette et flûtes) étudiait la musique indienne en Californie avec le grand maître du sarod, Ali Akbar Khan. Israël Edelson (piano, claviers) qui avait été l’assistant de Léonard Bernstein dirigeait, de par le monde, des orchestres symphoniques.

Rabbi Nachman de Braslav constitua pour tous les membres de l’Ensemble une « Source de salut », et d’inspiration musicale et spirituelle. Compositeur lui-même de mélodies sublimes, ce grand maître hassidique du XVIIIème siècle révéla le rôle primordial de la musique et de la danse dans la recherche spirituelle et l’attachement à Dieu (dvekout). Cet enfant prodige, dédia en fait sa vie, à la recherche du « Chir Hadach », le « Chant Nouveau », qualifié de simple, double, triple et quadruple et contenant les dix sortes de mélodies avec lesquelles, selon l’enseignement de la Cabale (tradition juive ésotérique) , l’univers fut crée ; « Chant suprême » censé porter en lui toutes les musiques de la terre et avoir le pouvoir de guérir l’humanité en lui restituant la joie et la foi véritables.

Issu de la même racine que le mot tachlit, signifiant « but ultime », techelet désigne en hébreu la couleur azur utilisée pour teindre certains fils des franges rituelles (Tsitsith). Couleur du ciel se reflétant dans la mer, couleur de la spiritualité hébraïque, la vue de ce fils tressé aux quatre coins des habits est censée rappeler le « but ultime » de la vie. Selon l’enseignement de Rabbi Nahman, cette couleur symbolise l’âme du Roi David, lui-même poète et musicien et ancêtre du futur Messie dont la principale mission consistera d’ailleurs, selon la tradition, à jouer le « Chant Nouveau », le « Chir Hadach » sur un instrument doté de soixante douze cordes!

Après ma Techouva, raconte Yoël Taïeb, le fondateur de Techelet, je ne me sentis plus le goût de jouer du jazz, j’eus alors l’idée de collecter des mélodies composées par de grands maîtres hassidiques, du Baal Chem Tov à Rabbi Shlomo Carlebach en passant par Rabbi Nahman et le Voyant de Lublin, et je me mis à improviser dessus. Les compositions personnelles vinrent ensuite. Béla Bartok, John McLaughlin et les musiciens du label E.C.M. ont eu la même démarche en mariant folklore et musique savante, folklore et jazz et en confrontant des musiciens de cultures très diverses.

Sur les huit morceaux qui constituent l’album, trois sont des mélodies hassidiques traditionnelles:
Nigun Simha (n°3) est un thème Loubavitch (Habad) arrangé pour quatre guitares, toutes jouées par Yoël Taïeb en re-recording, avec au milieu un solo plein d’invention, aux accents « manouche » et « bluesy », un hommage à Django Reinhardt, John McLaughlin et Bireli Lagrène.
Adir Ayom Venora (n°4) est une émouvante mélodie braslav agrémentée d’une introduction au piccolo, dont l’acuité évoque la musique japonaise.
Le Nigun Chabat VeYom Tov (n°5) est une mélodie très répandue, chantée généralement au troisième repas de chabat. Le rythme initial en 6/8 a été substitué par Israël Edelson et remplacé par un mètre à 5/4, un clin d’œil au « Take five » de Paul Desmond.
Les autres plages du disque sont des compositions originales de Yoël Taïeb, David Louis et Israël Edelson, des mélodies pleines de sentiment, sur lesquelles sont tissées des improvisations bien souvent collectives.

S’il résulte de l’agglomération de divers styles musicaux, le langage que Techelet s’est forgé, est tout au service de l’expression de l’âme hassidique. L’espoir, la foi, la ferveur, habitent cette musique qui semble irradier un peu de la lumière sainte de Jérusalem, dans le cœur de ceux qui l’entendent.

Au dernier festival de Tsfat (klezmerim) les musiciens de Techelet étaient au nombre de six. Les trois nouveaux venus sont Yoni Dror (saxophone, flûte traversière, doudouk (hautbois arménien) et didgeridoo (instrument ethnique d’Australie), Naor Carmi (contrebasse et tan-bour -grand luth d’origine turque, se jouant à l’archet), et Moshé Yankowski (percussions, tablas et batterie).

Les concerts de Techelet, constituent une véritable expérience aussi bien musicale que spirituelle. Dernièrement, certaines parties des concerts ont d’ailleurs pris le caractère de « Happening » lorsque le public est invité à participer à une prière pour la paix dans le monde, sur un texte de Rabbi Nathan de Nemirov, l’élève de prédilection de Rabbi Nahman de Braslav. Prière en quatre temps, selon la structure du chant simple, double, triple et quadruple déjà mentionné. Prière en musique et mouvements, sur des motifs musicaux de Rabbi Shlomo Carlebach ou sur des thèmes improvisés en direct.

Techelet se produit à la télévision, dans les principaux festivals de musique juive et klezmer et dans des festivals liés à la culture juive (littérature, poésie…). L’ensemble a joué plusieurs fois à la Beth Haconfédératsia, la célèbre scène hiérosolomytaine, des musiques contemporaines, ethniques et improvisées, notamment dans la série de Shlomo Israëli, homme de radio, qui a de plus diffusé dans son émission « Boker chéni », sur les ondes de « Kol Hamusica », leur symphonie improvisée « Olam Haba » (« Monde Futur »), une improvisation de cinquante minutes sur un thème d’Israël Edelson.

L’Ensemble Techelet a réussi à créer une véritable « world music » juive israélienne. Un style musical tout à fait original dans lequel se trouvent mixés, mélodies juives et musique savante, musique écrite et improvisation, expérimentations rythmiques et investigations harmoniques, instruments orientaux et sonorités jazz. Et si le style « MaYM » est indéniablement lié à la terre d’Israël et voué à l’expression de l’âme juive, il pourrait bien néanmoins devenir un jour, à l’instar du jazz, à l’origine musique des Noirs d’Amérique, une source d’inspiration pour toutes les familles de la Terre.


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Olam Haba:

Le Monde Futur des musiciens juifs.

A l’origine de ce nouveau disque une compilation de certains enregistrements de l'Ensemble Techelet, que j'avais réalisée pour mon usage personnel, pour mon propre plaisir.

J’aimais l'écouter lorsque je priais à la maison, ou que je m’adonnais à cette sorte de méditation juive appelée Hitbodedout et préconisée par Rabbi Nahman de Braslav, cette prière dans laquelle chacun s’adresse à Dieu dans sa langue natale, et répand son coeur devant son Créateur avec ses propres mots.

J’avais bien le désir et l’intention de le publier un jour, mais pas dans l'immédiat, occupé que j’étais par des projets qui passaient à mes yeux pour prioritaires, notamment celui d’enregistrer avec la nouvelle formation du Techelet - celle qui m’accompagna lors du Festival de la Mer Morte, en Octobre 2003 - un cd incluant notre répertoire actuel, constitué pour sa majorité de nouvelles compositions de mon cru. Mais un concours de circonstances joua finalement de façon décisive, en faveur de l'édition, sans plus de délais, de cette compilation bien aimée, comme si celle-ci était voulue d'En Haut. J'aurai été bien entendu, le dernier à m'en plaindre.

D’une durée de plus d’une heure pour trois morceaux, (dont l'un d'eux totalise à lui seul plus de quarante minutes de musique) cet Album constitue une manifestation de l’Art de Techelet poussé dans ses plus extrêmes développements. C'est un document de premier plan concernant le style Mayim et l'improvisation juive, tels que nous les avons développés au sein du Techelet, à travers ses diverses formations.

Le succès remporté par notre premier disque “And i will hope for Him”, aussi bien au niveau du public, que de la presse et autres médias, m'a persuadé qu’il existe bien à l’heure actuelle, un public à l'affût d’une musique juive de qualité.

Pour ma part je n'écoute presque jamais la totalité du disque d'une seule traite, si ce n'est en musique d'accompagnement pour la prière ou la méditation. Autrement je me sens submergé par la forte énergie spirituelle de cette musique. N'est-il pas enseigné "trop d'huile éteint la lampe" ? ( leçon 57 de la premiere partie du Likoutey Moharan)

Ce nouvel Album a été baptisé Olam Haba d’après le titre de la troisième plage du cd, une composition d’Israël Edelson notre pianiste, qui oppose deux thèmes de climats très différents. Le premier dans des tonalites majeures, optimiste et statique, évoquant la musique indienne et le second mineur et nostalgique, aux harmonies rappelant Rachmaninov. C'est cette mélodie envoûtante, qui a réussie à nous inspirer l'improvisation de plus de quarante minutes, dont j'ai parlé plus haut.

Olam Haba, signifie en hébreu le Monde Futur, le Monde des âmes, celui où se rendent les justes après leur mort. J'ai dédié cette œuvre à la mémoire de toutes les victimes de la Shoah.

Il est intéressant de noter qu’il existe un texte de Rabbi Nachman où il déclare: Je connais un chant qui sera le Olam Haba, le Monde Futur, de tous les justes (Haye Moharan, dans les textes n'ayant pas été inclus dans l'édition finale).

Et voici à présent mon vœu:

Puisse la musique de Techelet porter toujours en elle un rayon de ce Chant.
Puisse le style "Mayim" nous apprendre à servir Dieu avec la musique.
Puisse-il être l’expression d’une Culture à naître, dont le moteur et la source d’inspiration seront l’Amour de la Prière et la Foi en son pouvoir.
Comme le Jazz, "Mayim" est un style qui requiert beaucoup de musicalité, de cœur et de savoir musical.
On peut y consacrer une vie.
Qu'il devienne donc lui aussi, une source d’inspiration pour les générations à venir.
Amen vé Amen.

Yoël Taïeb

Jerusalem - Rosh Chodesh Nissan 5764 ( 2004 )


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Notes concernant les titres de l’Album:

Mizmor lé David: ( D'Israël Edelson )

*Yoël Taïeb: Guitare classique - *Israël Edelson: Piano - *Yoni Dror: Flûte traversière
Enregistré à Jérusalem, au théâtre Gérard Bachar, par Avi Karni, au cours du Festival de poésie hébraïque “Mashiv Harouach”, ( Souccot 2000 ).

L'une de mes compositions préférées d'Israël Edelson. Une version en studio aurait été sans doute plus parfaite, mais y aurait-il eu cette envolée de la flûte après le solo de guitare ? Je suis transporté à chaque nouvelle écoute. Et dans le style Mayim c’est l'émotion qui prime.

J'ai été l'élève de Rabbi Israël Ber Odesser, un saint vieillard centenaire qui possédait une lettre miraculeuse signée Na Nah Nahma Nahman Méouman. Il pouvait passer des journées et des nuits à chanter les mélodies breslev à tue tête en s'émerveillant de la connaissance si profonde et intime que possédait Rabbi Nahman de Braslav en matière de musique.

Un jour il prononça en ma présence ces paroles étonnantes:
- Il y a dans le mondes des musiciens extrraordinaires, mais ils ne savent rien de la musique!
Longtemps je me suis demandé ce que pouvaient bien vouloir signifier ces paroles, sans vraiment parvenir à les comprendre.

Quelques années plus tard, une semaine environ, après un concert que nous avions donné à la Beth Haconfederatsia de Jérusalem, une jeune femme se dirige droit vers moi dans la rue, en souriant.
- J’étais à votre concert me dit-elle,, et j’ai pleuré pendant toute votre prestation. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne suis pas du tout religieuse pourtant. Comment vous dire, votre musique est sainte. J'ai vraiment senti la Présence divine, la Shéhina.

Les paroles de cette jeune femme qui m’avoua ensuite, être elle-même une musicienne professionnelle, me touchèrent évidemment profondément. Elles me firent comprendre je pense, ce que Rabbi Israël avait voulu m’enseigner, à savoir qu’un véritable musicien juif, doit pouvoir par le biais de sa musique, éveiller chez l’auditeur des sentiments nobles, le réconcilier avec lui-même, avec la racine de son âme, et l’amener à faire la paix avec son Créateur.


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Shir Chadash: ( Idée d’improvisation musicale, proposée par Yoël Taïeb, inspirée par le thème du “Chant Nouveau” tel qu’il est mentionné dans l’enseignement de Rabbi Nahman de Braslav )

*Yoël Taïeb: Guitare classique et électrique - *Israël Edelson: Piano - *Yoni Dror: Flûte traversière, Saxophone Soprano et Duduk - *Shmulik Klein: Narrateur
Enregistré à Jérusalem, au théâtre Gérard Bachar, par Avi Karni, au cours du Festival de poésie hébraïque “Mashiv Harouach”, ( Souccot 2000 ).

Une improvisation totale et collective sur le thème du Chant Nouveau, qualifié de simple, double, triple et quadruple. C'est un thème kabbalistique très cher à Rabbi Nahman de Braslav (se reporter à la leçon 8 de la seconde partie du Likouté Moharan).

Je suis moi aussi obsédé par ce Chant. Au Festival de Poésie "Mashiv Harouah" nous sommes censés jouer une improvisation, je saute sur l'occasion et propose ce thème à Shmulik Klein, l'un des organisateurs.

Le soir du concert je m'adresse au public:
- Ce qu'il y a d'extraordinaire chez Rabbii Nahman, c'est que pour lui la Délivrance surviendra non pas par le biais d'une guerre, ou autre effusion de sang, mais grâce à un chant simple, double, triple et quadruple; qui aura le pouvoir de réparer le Monde.

J'ai imaginé le chant simple comme étant un chant d'éveil spirituel, l'homme à la recherche de Dieu; le chant double une danse, le triple une prière et le quadruple un Hallel, un chant de louange.

Chacune des quatre parties de l'improvisation est confiée à un instrument différent. La guitare classique mènera l'improvisation pour le Chant simple, le chant d'éveil; le Piano pour le Chant double, la danse; le Duduk (une sorte de hautbois d'origine arménienne} pour le chant triple, la prière; et la guitare électrique pour le Chant quadruple, le chant de louange. Pendant le Chant triple, une prière pour la paix dans le Monde composée par Rabbi Nathan de Némirov, le disciple de prédilection de Rabbi Nahman de Braslav, sera lue.

Auprès d’un tel public d'intellectuels, de poètes et de musiciens, férus de culture juive authentique et de mysticisme juif, notre improvisation fut particulièrement inspirée et reçut un accueil des plus chaleureux.


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Olam Haba: ( D'Israël Edelson )

*Yoël Taïeb: Guitare classique - *Reuven Ben Hanan: Violon - *David Louiss: Flûte traversière avec effets électroniques, piccolo - *Israël Edelson: Piano
Enregistré à Jérusalem, à la Beth Haconfederatsia par Shaï Drori, ( Janvier 1999 ).

C’est aussi une composition d’Israël Edelson, sur laquelle nous nous sommes livrés cette fois, à un exercice peu commun: Une improvisation de près de cinquante minutes!

Cela n’était pas prévu et si le thème a pour auteur Israël Edelson, la paternité de cette sorte de symphonie qu’il a pu devenir ici, revient sans nul doute à David Louiss. Il a en effet porté l'œuvre et l’Ensemble Techelet à bout de bras, relançant sans fin le thème et l’improvisation, faisant signe à chacun, l’un après l’autre de jouer en solo....

C’est à Shlomo Israëli que revient le mérite de m’avoir révélé l’identité profonde de cette œuvre. Il choisit en effet, de diffuser cette œuvre sur les ondes de "Kol Hamusica" dans son émission "Boquer Shéni", la semaine même du "Yom Ha Shoah", le jour consacré en Israël à la mémoire des victimes de la Shoah.

Au sortir de la fête de Pessah (la Pâques juive), le "Yom Ha Shoah" précède chaque année d’une semaine exactement le "Yom Hazikaron", "le Jour du souvenir" à la mémoire des soldats tombés à la guerre, lui-même suivi le lendemain, par les festivités et la liesse du "Jour de l'Indépendance". C’est dire si c’est une période émouvante entre toutes, en Israël. A la fois une période de douleur, mais aussi de fraternité et de consolation.

Le titre de l'œuvre "Olam Haba" signifie le “Monde futur” celui où vont les Justes après la Mort. Je savais que l'œuvre de part son titre et son contenu était liée à l'Au-delà, mais Shlomo nous livrait là, véritablement son secret et ce faisant, la rendait une immense source de consolation.

Toutes ces âmes d’enfants, de femmes, d’hommes qui avaient subi les pires souffrances, s'ébattaient à présent pour l'éternité dans la lumière infinie et sublime du Monde Futur.

A la fin de l'œuvre, alors que tout semble s'être définitivement tu, j'égrène de nouveau le thème, comme pour dire: Ces cinquante minutes, n'étaient rien de plus qu'une fraction de seconde aux yeux de l'Eternité.


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Did you look at the sky today?

Nigun - Improvisation - Prophétie

Les huit mélodies, les huit niguns, qui constituent ce nouvel album ont été tous composés, arrangés, enregistrés et mixés à Jérusalem, ce sont des Shiré Tsion, des Chants de Sion (Sion étant un nom chargé d'une affection toute particulière pour désigner la ville sainte).

Cette expression apparaît dans le psaume 137 qui décrit une scène se déroulant en Babylonie où le peuple hébreu fut déporté après la conquête de Jérusalem et la destruction du premier temple. Un groupe de lévites, des musiciens consacrés à la musique du Temple de Jérusalem, se lamentent et pleurent au souvenir de Sion. Ils ont dissimulé, à l'approche de leurs geôliers, leurs lyres entre les feuillages. Mais ces derniers les ont repérés.
- Réjouissez-nous donc, jouez-nous un chant de Sion…Demandent-ils.
Et nos pauvres Lévites de répondre:
- Comment pourrions-nous chanter le chant de Dieu sur une Terre étrangère?

Qu'est-ce que le chant de Dieu? Et pourquoi ne peut-on le chanter qu'en Terre d'Israël?

Avant que d'être musique, le chant est l'expression de la volonté de son auteur, c'est-à-dire de son désir d'influencer le monde, selon sa vision et sa conception de ce qu'il devrait être. Et l'art des sons constitue le médium de prédilection pour transcrire et véhiculer cette vision. Or Dieu est saint et l'expression de sa volonté ne peut s'incarner dans ce monde que par l'intermédiaire de la sainteté.

Soyez saints car je suis saint est-il écrit (Lévitique 19: 2)

Chaque peuple possède une vocation propre et reçoit en héritage une terre possédant des facultés spéciales, permettant de réaliser cette vocation dans la plus grande plénitude (cf. le Conte de Rabbi Nahman de Braslav intitulé "Le Maitre de prière").

La vocation d'Israël est inscrite dans son propre nom. En effet le nom "Israël" peut aussi se lire en hébreu "Yashir El", c'est-à-dire, il chantera Dieu. La vocation du peuple saint est donc, de permettre au chant de Dieu, à la volonté de Dieu, de se révéler dans ce monde. Et seule la Terre d'Israël, la Terre sainte permet au peuple d'Israël d'atteindre ce niveau de sainteté requis pour pouvoir capter, révéler et diffuser dans le monde la volonté de Dieu.

J'ai demandé un jour à mon Maitre Rabbi Israël Ber Odesser, l'un des plus grands maitres contemporains de la hassidout Braslav, où en Israël vaut-il mieux habiter, il m'a répondu:
Toute la Terre d'Israël est sainte mais Jérusalem est "sainteté des saintetés".

Une immense échelle dont la base reposerait sur la terre et dont le sommet atteindrait le trône divin, c'est ainsi que m'apparait la musique. Toutes les mélodies du monde y auraient leur place, chacune disposée selon son niveau de sainteté. Chacune étant un écho, plus ou moins proche ou lointain, fidèle ou altéré, de la source originelle, à savoir le chant de Dieu.

La magie de la musique c'est le pouvoir que possède chaque mélodie de nous attirer jusqu'au lieu spirituel d'où elle est issue. Ecouter une mélodie, c'est comme voyager vers une destination, se rendre à une adresse spécifique sur cette échelle de la musique. L'auditeur va éprouver alors, des associations d'idées et d'images, des visions, des émotions, des sensations, des désirs, en rapport avec le niveau d'élévation ou d'abaissement spirituel, propre à cette mélodie.

Dans cette optique, l'improvisation équivaudrait à la description au moyen des sons, par le musicien improvisateur, de ce qu'il voit et ressent en ce lieu intérieur où la mélodie l'a pris.

L'improvisation occupe d'ailleurs une place extrêmement importante dans ma musique. Jouer une mélodie sans improviser dessus, est à mes yeux comparable au fait d'entreprendre un voyage à destination d'une ville, puis de rester finalement cloitré dans sa chambre d'hôtel, au lieu de sortir à la découverte de cette ville et d'en éprouver impressions et émotions.

Indissociable de la vocation d'Israël, l'aspiration prophétique n'a jamais faiblie même tout au long des siècles d'exil. A chaque génération, des grands mystiques juifs ont tenté d'attirer sur eux l'esprit saint. Dans ce but certains pouvaient avoir recours à des mortifications, pensant de cette façon réussir à compenser l'impureté des terres étrangères où ils résidaient. Chez les prophètes d'Israël par contre, nul besoin n'était de recourir à de telles pratiques. Résidant en Terre sainte, la seule vertu des nigun saints de la Terre d'Israël, ainsi que la Bible le rapporte, suffisait pour que l'inspiration prophétique s'emparât d'eux, suscitant des visions aussi puissantes que totalement fiables.

Le Roi David, musicien, poète et prophète, ancêtre du Messie, exprime de façon on ne peut plus concise l'essence même du phénomène prophétique:
Un cœur purifié octroie-moi mon Dieu et une inspiration fiable renouvelle en moi (Psaumes 53: 12).

Par l'écoute d'un nigun saint de la Terre d'Israël, le cœur se remplit de désirs de bien et d'amour pour toutes les créatures. C'est cela qui constitue en fait la racine de la vraie sainteté et permet de se hisser jusqu'au chant de Dieu. Le Chant de Dieu une fois atteint, les sources de l'inspiration prophétique sont alors prêtes à s'épancher.

La voie de David le doux chantre d'Israël, semble en fait toujours la mieux appropriée à notre peuple, vu l'engouement de plus en plus important du public, pour tout ce qui a trait au nigun et particulièrement aux mélodies de la Terre d'Israël et de Jérusalem, les chants de Sion, qui sont à l'heure actuelle en plein renouveau.

C'est assurément ce qui vaudra au peuple saint revenu sur sa Terre et consumé d'une soif de spiritualité sans précédent, de recevoir ce cœur nouveau, cet esprit saint et finalement cette Torah de la Terre d'Israël, cette Torah de Jérusalem auxquels les prophètes d'Israël ont fait allusion:
Je vous donnerai un cœur nouveau et je vous insufflerai un esprit nouveau; j'extirperai ce cœur de pierre de votre sein et le remplacerai par un cœur de chair (Ezéchiel 36: 26).
Je répandrai ensuite mon esprit sur toute chair, alors vos fils et vos filles prophétiseront (Joël 3: 1).
De Sion jaillira la Torah, de Jérusalem la parole de Dieu (Isaïe 2: 3).
Puissent les niguns contenus dans ce nouvel album avoir une part dans ce renouveau.

Amen

Yoël Taïeb

Jérusalem le 18 du Mois de Heshvan 5771 (26 Octobre 2010)


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