Ma première rencontre avec john Mc Laughlin Ma première rencontre avec
john Mc Laughlin


Je voudrai raconter ici ma première rencontre avec John Mc Laughlin. Comme quoi tout dépend dans la vie du culot, ainsi que l'explique Rabbi Nahman de Braslav, du culot saint.
Comme l'artiste qui a le culot de monter sur scène, de braver le trac, comme l'orateur qui a le culot de prendre la parole… Le danseur de danser devant d'autres personnes.

Mon ami Aaron Cohen a eu donc le culot de téléphoner au batteur de John, Dennis Chambers. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé pour savoir dans quel hôtel il se trouvait, le fait est que nous fumes invité à rejoindre Dennis dans sa loge après avoir assisté à la répétition destinée aux réglages de la sono.

Aaron qui est batteur à commencé à parler avec Dennis, tout en écoutant la conversation je ne pensais qu'à une seule chose en fait, comment faire pour aller voir John et lui parler, car sa loge était attenante à celle de Dennis, je l'avais même vu par l'entrebâillement de la porte.

Finalement je me suis dit qu'ai-je à perdre, au pire il me dira qu'il ne veut personne dans sa loge. Après avoir encore hésité quelques dixièmes de seconde, je franchis la porte en murmurant Na Nah Nahma Nahman Méouman et avec l'aide de Dieu j'ai lancé un grand Shalom à John qui discutait avec son organiste Joey De Fransisco. Il s'est alors tourné vers moi et je me suis présenté en anglais tout en glissant, mais tu parles français, n'est-ce pas John? John ayant répondu par l'affirmative la conversation se poursuivi en français. Il me présenta Joey son organiste puis ses deux sound men.

Voici les paroles que nous avons ensuite échangées.

Moi: John, je suis si content de te rencontrer, tu n'as pas idée. J'ai découvert ta musique à l'age de quatorze ans. Le Mahavishnu, Shakti, c'est toute mon adolescence, toute ma vie. Ce qui m'a toujours passionné, c'est la façon dont la spiritualité s'exprime au moyen de la musique. Chez toi, comme chez John Coltrane, on sent vraiment une force spéciale, une puissance qui ne peut provenir que du désir d'exprimer des sentiments liés à la spiritualité. D'ailleurs je ne sais pas comment tu juges les choses, mais je trouve que la plupart des musiques à l'heure actuelle sont dénuées de véritable force spirituelle.

John: Non je ne trouve pas, ou peut-être que ceux qui jouent ces musiques, transmettent une certaine spiritualité sans même en être conscients.

Moi: Tu connais Jérusalem?

John: Oui c'est la deuxième fois que je viens ici. La première c'était il y a sept ans.

Moi: Tu aimes cette ville?

John: Oh oui, il y a une telle Histoire, un tel passé, c'est une chose incroyable!

Moi: Je suis moi-même un guitariste. J'ai sorti un premier disque lorsque j'habitais en France et j'ai monte ici un groupe. Nous allons bientôt sortir quelque chose j'espere, je te l'enverrai.

John: Y a-t-il beaucoup de groupes ici? Vous trouvez où vous produire?

Moi: Ce n'est pas si facile. Mais je voudrai te demander John, comment as-tu réussi à atteindre une telle discipline?

John: Je ne sens pas ça vraiment comme de la discipline. C'est l'Amour, l'amour de la musique, j'aime tellement la musique que cela me fait travailler et comme le Bon Dieu me donne une journée de vie supplémentaire alors je vais faire mon possible pour que cette journée soit réussie, je vais faire mon maximum, car il se peut que ce soit mon dernier jour et je ne veux pas avoir de regrets. Alors je vais donner le maximum.

Moi: Mais tu as des horaires, des heures fixes auxquelles tu t'entraînes?

John: Penses-tu avec la vie que je mènes c'est impossible. Regarde, cette nuit j'ai dormi onze heures d'affilée!

Moi: Onze heures?!

John: Oui on était crevés. La nuit précédente j'avais dormi deux heures. On arrivait d'Italie, on avait joué aussi en Angleterre…

Moi: Tu n'utilises plus une guitare électrique avec les frets creusées comme à l'époque du One Truth Band?

John: Si, pas ce soir, mais je continue.

Moi: Tu joues très Be-bop en ce moment.

John: Be-bop? Oui mais c'est aussi mes racines. Quelques fois on a besoin de faire deux pas en arrière; pour en faire un en avant.

Moi: Tu sais John, ce que tu viens de dire, un grand Maître hassidique que j'affectionne énormément, Rabbi Nahman de Braslav, a dit à peu près la même chose.
Il enseigne que l'homme doit chaque jour progresser en sainteté, et qu'entre chaque ascencion il est obligatoire qu'il y ait une chute.
Il enseigne aussi que l'homme n'a que le jour présent, il ne doit pas être plein d'inquiétude au sujet du lendemain car dit-il, demain est un tout autre monde.

John: Oui, nous n'avons qu'aujourd'hui. Le passé c'est fini, impossible de rien faire, c'est mort. Nous n'avons que ce jour, mais ce qui est extraordinaire, c'est que par mon action présente, je prépare le futur. Tout le futur dépend de ce que je fais à l'instant et je peux tout transformer par mon action présente, c'est extraordinaire non?

Moi: Rabbi Nahman a dit qu'il est interdit d'etre vieux.

John: C'est quoi devenir vieux? C'est devenir con.

Moi: Oui on ne veut plus avancer, on ne veut plus se remettre en question.

John: Tu sais j'ai beaucoup joué, j'ai fait quand même beaucoup de choses, hé bien je me sens comme un débutant.


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